Études du Centre de développement L'opinion publique contre la pauvreté e-bog
Il ne sera possible de poursuivre la lutte contre la pauvreté dans le monde que si la « société civile » au sens large, c’est-à-dire les citoyens des pays riches, soutient activement et de façon déterminante les efforts internationaux de coopération pour le développement. La bonne volonté est là sans aucun doute. McDonnell, Solignac Lecomte et Wegimont (2003) montrent que dans les pays membres du CAD/OCDE, le soutien de l’opinion publique à l’aide consentie aux pays pauvres n’a pas faibli depuis près de vingt ans. Il n’y a pas de lassitude à l’égard de l’aide. On en veut pour preuve le fait que les dons aux ONG qui s’occupent d’aide d’urgence et de développement augmentent régulièrement même si, pour l’essentiel, ces dons répondent à des situations de crise ou à des catastrophes naturelles survenant dans des pays en développement. L’opinion publique s’interroge sur l’efficacité de l’aide mais parallèlement elle continue de la soutenir fortement.
Cependant, les problèmes de pauvreté et de développement ne sont compris que de façon très superficielle. De même, les politiques en matière de coopération pour le développement et d’aide publique au développement (APD) sont peu connues du grand public. La prise de conscience progresse grâce à l’éducation, aux campagnes de sensibilisation et au débat public, mais les médias demeurent la première source d’information sur les pays en développement. On note cependant un certain scepticisme à l’égard de la nature de cette information. Dans ce contexte, les dépenses publiques consacrées à l’enseignement et à l’information sur les programmes d’aide nationaux ont beau augmenter dans certains pays de l’OCDE, elles demeurent dans l’ensemble à des niveaux très faibles. En particulier, l’adoption des Objectifs du millénaire pour le développement n’a pas été suffisamment mise à profit pour renforcer les efforts destinés à informer et susciter l’adhésion de l’opinion publique. Le consensus mondial contre la pauvreté dont ils sont le fer de lance ne se reflète guère dans les débats publics nationaux lesquels, à quelques exceptions près, sont relativement rares et superficiels.
Cependant, les différents sondages et études sur l’attitude de l’opinion publique envers la coopération au développement dans les pays de l’OCDE montrent que les citoyens souhaitent sans ambiguïté plus de solidarité et de justice dans le monde. Ils sont favorables à la coopération internationale pour le développement et ils seraient sans doute de précieux soutiens pour sa réforme et son amélioration s’ils étaient plus et mieux informés et s’ils pouvaient participer plus directement au débat politique. Les gouvernements, en particulier ceux qui se sont engagés à accroître leur APD, ont là une occasion d’amorcer un cercle vertueux de transparence et de réforme et de relever le défi de la lutte contre la pauvreté dans le monde.